Mon pays

Mon pays vente

Rafales de sanglots blonds que les rochers crachent
Rugissements de l’herbe égarée
Ce vent que je crie
Qui me hurle
Tâtonnement lucide de ma peine
Rien que ma solitude et le vent

Mon pays pleut

Et la pluie remplit la mer
La vide la trouble
Et la pluie brusque le sable
Le casse le raidit
Et la pluie cogne les cauchemars
Les oublis les peurs
Rien que mes pas et la pluie

Mon pays renaît

A la plainte du ressac
Au gras des rochers
A la lumière effeuillée que la baie invite sans relâche
L’aube comme une calligraphie
Comme un crépuscule que la brume oublie
Mon regard cueille cette fugue du ciel
Rien que l’inconnu et mon regard

Mon pays est rivage

Sans rien qui l’attache ou le noue
Juste un courant qui accoste
Des flots qui s’égrènent
Au gré du sable de mes pas

Mon pays est écho

Aux nuages échevelés que la pluie mange
A la lumière éclaboussée
par les coups sourds de la tempête
Comme au rythme de mon corps

Mon pays reste là

Juste là, Toujours
Sans moi ou avec ou
Contre
Au détour de la carte
Du récif
De la vague

Il m’existe

Verrou rouillé

Comme un verrou qui s’ouvre.
Un verrou fermé depuis longtemps.
Un claquement puis un grincement et il se lève.
La porte verrouillée s’entrouvre doucement, très doucement.

Frissons de ces mains levées, paumes ouvertes. L’énergie immobile montant de la terre se faufile au creux des corps. Mes yeux fermés goûtent ce regard intérieur, dessinent mes membres, accueillent mes gestes. Et nous sommes là, bien là, mon corps et moi.

Lâcher le geste en mesure, sans mesures. Relier, délier chemin faisant, marcher comme une vague, une houle, lâcher, encore lâcher, pour arrêter de s’interdire.

Réveiller le rythme endormi, l’écouter, le traduire dans ma langue, celle de mes doigts, de mes bras, de ma peau, de toutes ces parcelles de moi sous cape au quotidien.

Quitter cette obscure exigence du résultat, de la performance mesurée à celle des autres. Offrir plutôt. A soi et aux autres, cette symphonie de gestes donnés, inventés.

Et alors ils osent rire. Les hanches sont le balancier du métronome, ce battement du corps à corps, et les mains flottent, les pieds glissent et le buste ploie.

Relâcher encore pour arriver à la rigueur du geste arrêté. Entrer dans le rythme déployé et laisser parler, le plaisir du corps qui raconte.

Instants…

Ondée de ta main
Mon corps frissonne.
Une paume chemine,
Velours bavard de ma peau
Sein cueilli, ventre habité
Chaleur en alerte.
Insistant, conquérant, intime
Ton corps comme un feu.
Braise incandescente ouverte en moi
qui se nourrit de ton voile.
Une vague, une ampleur.
Envie de toi, envie de nous.