A pas savourés

Histoire écrite à pas comptés
Ou décomptés
Cousus ou décousus
Je ne sais
Au pas de retrouvailles
De blancs chevaux
Au printemps de nos vies

Le souffle de la route
Ouvre les jeunes pousses
Ruisselle sur le terreau
De jours, de mois, d’années
De nous, seuls ou ensemble

La mer n’a jamais dit à l’avance
Ce qui va germer
Elle couvre et découvre inlassablement
L’innombrable, l’improbable
Le demandé, le rattrapé, le consolé, le sauvé
Et l’inattendu s’égrène, gonfle, glisse et s’étale

Le sable, la mer et les rochers fleurissent
Oui, toujours
Au parfum de galops de rire
Aux reflets d’aubes si matinales
Au gré de temps serrés
D’envies, de fatigues
De colères, de victoires
De livres,
De plaisirs,
D’audaces
Et bien plus encore !

La mer n’a pas dit non plus
Comment le sable glisse
Sous la main
Boit les flots
Disparaît pour d’autres rivages
Vite
Si vite
Trop vite parfois…

On peut croire
Que la mer est vorace
Qu’elle se nourrit
Des châteaux de sable bâtis de nos mains
Qu’elle les noie dans le creux d’hier, d’avant
De ce que nos yeux ne voient plus

Mais la mer ne peut rien
Contre les instants semés en nous
Musiques uniques
Aux harmonies si particulières
Elle ne sait pas que nous sommes tout à la fois
Orchestre, forêts, labours et créateurs
Que le mouvement incessant des flots
Nourrit et soigne

Nous sommes aujourd’hui depuis longtemps
Les châteaux de sable
Peuvent s’enfouir dans les vagues
Rien n’a disparu
Tout a poussé

Une écoute sans failles
Une vigueur curieuse
Une authenticité
Des amitiés fidèles
Des amours sans retours
Une force si particulière
Dans la douceur
Dans la douleur parfois
Dans l’espace quotidien
Il y a toi, debout
Avec nous
Un cadeau savouré
Au long des aujourd’hui

Les vagues viennent lécher nos pieds
Le sable luit
Le soleil courbe sa course
Dessine des instants partagés
En marche
Encore
Au gré de nos pas
Savourés

Verrou rouillé

Comme un verrou qui s’ouvre.
Un verrou fermé depuis longtemps.
Un claquement puis un grincement et il se lève.
La porte verrouillée s’entrouvre doucement, très doucement.

Frissons de ces mains levées, paumes ouvertes. L’énergie immobile montant de la terre se faufile au creux des corps. Mes yeux fermés goûtent ce regard intérieur, dessinent mes membres, accueillent mes gestes. Et nous sommes là, bien là, mon corps et moi.

Lâcher le geste en mesure, sans mesures. Relier, délier chemin faisant, marcher comme une vague, une houle, lâcher, encore lâcher, pour arrêter de s’interdire.

Réveiller le rythme endormi, l’écouter, le traduire dans ma langue, celle de mes doigts, de mes bras, de ma peau, de toutes ces parcelles de moi sous cape au quotidien.

Quitter cette obscure exigence du résultat, de la performance mesurée à celle des autres. Offrir plutôt. A soi et aux autres, cette symphonie de gestes donnés, inventés.

Et alors ils osent rire. Les hanches sont le balancier du métronome, ce battement du corps à corps, et les mains flottent, les pieds glissent et le buste ploie.

Relâcher encore pour arriver à la rigueur du geste arrêté. Entrer dans le rythme déployé et laisser parler, le plaisir du corps qui raconte.

Passante

Ceci est une nouvelle écrite pendant un séjour à Rome. Dans un concours de nouvelles, elle a passé la rampe des 48 présélectionnés mais pas celui de finaliste! Ce sera pour la prochaine fois.

Je crois que je l’ai toujours vu là cette larme traçant son sillon fade sur la façade ocre du palais de l’autre côté de la rue. Et ces peintures aspirées par le temps laissant affleurer la chaux et le ciment.
Elle aussi je l’ai toujours vue. Silhouette diaphane dans son manteau rouge élimé. Ses cheveux gris hâtivement noués d’un foulard défraîchi et ses bas noirs trop larges glissant en plis disgracieux le long de ses mollets maigres.
Elle passe tous les matins tous les soirs aux mêmes heures. Indifférente aux temps, à la pluie, aux vacances ou aux foules. Elle passe, menant son chemin silencieux et décidé. Par une étrangeté du temps qui m’échappe, sans jamais y prêter attention, je suis presque toujours à ma fenêtre à sa venue. Et je la suis du regard, intrigué de ce pas habité et solitaire. Sans elle, il manquerait quelque chose à mon plaisir de regarder la petite vie de mon quartier, au jour le jour, depuis mon perchoir.
Rome est vivante, animée, parcourue de foules de touristes ou de romains pressés. Les scooters glissent entre les passants… Et Rome renaît aussi. D’autres palais ont retrouvé leur splendeur orangée, ocre ou carmin claquant au soleil. Rome est fluctuante mais elle, non. Elle trace immuable un invisible fil, comme une promesse indénouable et inavouable. Je pense qu’elle sait que je la regarde. Une imperceptible tension l’habite un instant quand elle passe sous ma fenêtre.

Je sais qu’il me regarde ce jeune homme. Qu’il détaille ma silhouette, observe mes pas. Je sais qu’il voit ce qu’il ne m’importe plus de voir. Je sais. Je n’ai plus envie.
Je l’ai arpentée tant de fois cette rue de Rome. Au temps où le maraîcher au coin de la via della Lungaretta haranguait les passants pour vendre ses légumes fraichement arrivés de la campagne. Au temps où le petit café, piazza di Santa Rufina sentait la braise noire du four à pizza et bruissait des raclements acides des verres sur les tables en formica. Au temps où, depuis le bar où il officiait, Sergio me suivait de son regard attentif.
Je crois qu’un sixième sens lui donnait de toujours lever les yeux à mon arrivée. Je suis à peu près sûre qu’il n’a raté aucun de mes passages. Ceux des courses, ceux vers l’école pour aller chercher mes petits frères, ceux chargée de linge pour ma patronne de la blanchisserie Amarillo. Arrivée à proximité du café, je me redressais, même lourdement chargée, mettant mes seins bien en avant, le regard loin, les hanches flottantes. Jamais je ne lui ai montré que je savais. Que son regard me brulait, que son attente me caressait. Je ne montrais rien, mais pour autant je sais qu’il savait !

1936, j’ai 18 ans. Ma mère se meurt de trop de travail et de trop de douleurs. Mes trois frères sont plus jeunes et la famille survit grâce à l’argent que je ramène. J’ai 18 ans et les mêmes rêves de folie et d’amour que les jeunes filles courant la ville. L’envie d’être électrisée, remarquée, enlacée, aimée. Et ce regard de Sergio passant outre les murs du café, scrutant mes pas dansants, goutant ma jeunesse, remplit mes nuits, mes sens, mon cœur à foison. Mais Sergio ne dit rien. Ne quitte pas son bar. Ne s’aventure sur la route où je passe. Rien de plus que ce regard…
J’ai refusé sans raisons apparentes la demande en mariage du fils aîné du maraîcher. Celle du jeune cordonnier nouvellement installé dans la rue adjacente. Et celle aussi du fils de ma patronne. Ma mère s’en est allée espérant jusqu’au bout me voir au bras d’un époux. Et nous avons emménagé avec mes frères dans une pauvre chambre sous les toits… Qu’importe, ils seront bientôt partis.

Mes frères ont pris une part de la charge, qui au port, qui chez le maraîcher ou au café de Sergio pour le plus jeune, Francesco. Je l’envie secrètement d’être admis, dans cet antre interdit aux filles qui se respectent, là où moi je ne peux pas m’aventurer. Et je rêve de la musique s’échappant parfois le soir du petit bar et du regard de Sergio.
Sergio au temps de nos heures d’enfance c’est une main, une voix, une douceur interdite. Sur le chemin de l’école, Sergio est le plus gentil, le moins bagarreur, et nos regards parlent la même langue. Parfois, au retour, la route fait un détour, nos mains se touchent et confidences et rires se partagent. Mais nous sommes des enfants, promesses d’enfants, d’enfance, d’espérance. Enfants nés de l’après-guerre, et ces années 30 respirent pour nous autant la pauvreté qu’une envie démesurée de demain.
Les enfants grandissent, les mains des garçons ne touchent plus les filles, ou si peu, si vite. Une caresse murmurée dans la pénombre de la fête annuelle du quartier, quand les parents un peu gris ne voient plus trop où sont leur fils, leurs filles, les mains et les regards. Avec Sergio, seuls existent dans ma mémoire et ma peau ces rendez-vous là, furtifs, volés au groupe, à la vigilance.

En sortant de l’enfance, je suis devenue belle, je le sais. Les attentions des hommes, la peur de ma mère, l’orgueil de mes frères me le disent. Le feu couve dans mon regard, dans ma taille fine, et mes longues jambes. Mes hanches dansent, mon rire vole… Et Sergio me regarde depuis le bar. Les enfants ont grandi et les parents décident, tranchent, arbitrent. Ils sont les maîtres.
Il a promis, je n’ai pas oublié. Il a promis, une vie, pour nous deux, contre son père, contre sa mère, contre sa grand-mère, il a promis ! Alors au creux des semaines harassantes, Francesco devient le messager de quelques mots pour briser le silence infernal. Griffonnés sur un carton de bar, un bout arraché au journal périmé. Quelques mots absurdes livrant un roman pour qui lit derrière la banalité.

J’ai 21 ans. 1939, la guerre à nouveau. La terreur aussi. Silence et méfiance ont pris leurs quartiers dans toutes les rues. Chemises noires, violences et cris ! Et le départ des hommes aussi. Ce soir c’est le tour de Sergio. Demain à l’aube, il prend la route sans cœur, sans envies. Ce soir, l’ombre de la rue sera notre refuge. Un baiser passionné a dépassé les interdits, noué l’amour et la peur. Ses mains sur mes seins, nos corps en fusion à même le mur de pierre. Rien n’a pu arrêter la force du nous de cet instant-là. Nous en un unique pas de deux.

Et puis l’attente, le silence. Et l’attente encore et encore, poisseuse de fatigue, collante de questions vibrantes, d’avenir si étroit, si fragile, si opaque. Le temps passe, toujours le même, le quotidien n’a plus de dates, ou d’années, juste des jours et des jours. Et on ne sait plus rien ni de son âge ni de sa vie. Et le silence à la naissance de l’enfant, son enfant. Le silence sans mots des courriers qui s’égarent. Le silence encore à la mort du petit, juste mon pas solitaire aux graviers de sa tombe. La guerre ne fait aucun cadeau. Et elle ne dit rien des disparus même quand elle s’arrête.
La vie continue, on bouge, on respire, un peu comme un automate. Les frères qui se marient, les neveux et nièces que l’on câline. Et toujours le soir, cet escalier sombre qui mène aux combles, à cette chambre sous les toits qui porte les fêlures de mon enfance et du temps qui passe.

Le café du coin est devenu un petit restaurant aux tables de bois. L’homme qui scrute les passants est venu d’ailleurs, il a acheté les murs aux parents de Sergio. L’étal du maraîcher est devenu une mini superette, et les scooters encerclent la fontaine de la place. J’ai 80 ans. Et je passe chaque jour à l’heure du café du matin. Je me penche sur le filet maigrelet de la fontaine. Je bois à la vie toujours là, à l’espoir accroché. Je passe mes mains à l’eau fraîche, à l’instant toujours neuf. Et chaque soir j’y retourne au crépuscule, versant dans l’eau qui s’enfuit un peu d’eau de rose, un peu de la vie écoulée, un peu du pas de deux si peu dansé.

Cela fait deux jours qu’elle n’est pas venue, même en retard. Je guette. Je suis étonnamment inquiet de cette absence. Pourtant je ne sais rien d’elle. Je me lève fébrile, guettant sa venue. Mais rien. Alors je me lance à sa recherche. Je questionne, j’interroge. Mais personne ne sait rien.
Quand je sors de l’immeuble, le jour se lève à peine. Je m’engouffre dans celui d’en face, sombre et à la peinture lépreuse. Je cherche, je frappe, je monte encore, je questionne. La vieille dame au manteau rouge ? Si, là-bas. La dernière porte à droite au fond du couloir.
Je l’ai trouvé allongée par terre, inconsciente. Je l’ai accompagnée à l’hôpital. Je ne sais pas bien pourquoi. Et je suis resté pour veiller son silence, son trouble. Calmer ses mains qui se tordent, apaiser d’une vague caresse sur son front les cris venus de si loin. Tiré par un fil invisible.
Un soir elle a ouvert les yeux, elle a souri.
– Sergio ? souffle-t-elle
– Oui.
Mais comment connait-elle mon nom ?
Le silence se fait soudain moins pesant.

– Sergio ? insiste-t-elle
– Oui je suis là.
– Je savais que tu reviendrais.

Elle est partie emportant son secret. Je sais juste que je suis venu à un rendez-vous dont je ne sais rien. Et je sais pourquoi les larmes n’ont pas disparu de la façade ocre. Une trace fragile d’un pas de deux éphémère.

En Flamme

Lourdes

Elles sont comme enfermées, sans gestes, sans chemin. Plantées par une main inconnue. Portées aussi par le fer qui les dresse. Traversées par cette mèche invisible, discrète et allumeuse. Gardiennes fragiles de secrets sans noms.

Messages sans mots, fondant de désirs ou d’espoirs démesurés.

Cet espoir, comme une vague qui, en flux et reflux, vient combattre mes doutes obstinés, mes lâchetés banales. Combats de fourmis en batailles silencieuses.

Raideurs fragiles et éphémères pointant vers le ciel, la flamme et la lumière de l’envie, de la patience. Je suis debout comme elles. Pourtant, je déteste la raideur. Celle sans oxygène, sans portes de sortie. Mon corps maladroit porte pourtant cette mèche malmenée de l’humain que je rallume sans cesse.

Un souffle de rage peut m’éteindre, un autre me courber un instant. Une tendresse imprévue me fera fondre un peu, redonnant une petite place à un amour, flambant neuf à chaque fois. Je dégouline de peur, parfois, je me creuse de la tristesse entrevue, de la rageuse impuissance sur laquelle je m’empale.

Pourtant, je me dresse obstinée et éphémère avec d’autres, comme moi, plantés sur la terre. Les flammes dansent en boucles inédites. C’est toujours neuf le bonheur qui fait danser, les rives qui se lâchent, les décors qui bougent. Vague de plaisir qui réveille le sable endormi.

Elles veillent dans la nuit, l’une plus fatiguée que l’autre, l’une plus tordue que l’autre, l’une plus grande que l’autre.

Peut-être que chacune est un de mes jours, un de mes espoirs, une de mes humeurs ? Je suis là dans la lumière fragile de ces bougies levées, partagée, fascinée, invitée, à ne jamais cesser de brûler.

Instants de bambou…

Aujourd’hui je vous regarde tous bavarder, échanger, rire, tout en gérant l’apéro avec la bande des petits, enthousiastes et bruyants.
Vous êtes jeunes, beaux, amoureux. Débordés et fatigués aussi mais si vivants. Il y a les nouveaux qui entrent dans la bande des cousins pour la première fois, oscillant entre timidité et curiosité. Il y a ceux qui reviennent de loin et prennent la température d’un univers qui a bougé en leur absence. Il y a à la fois, proximité et distance, qui jouent un espèce de cache cache singulier.
Vous construisez, bâtissez, engrangez. Tout en surveillant d’un œil vif les allées venues de la petite troupe. Les doudous sont légions, les chaussettes perdues aussi, avec les cris de joies en supplément.
C’est délicieux de vous voir. Une bouffée de plaisir.
Je pourrais presque rester à vous regarder, tant ce qui perle de partout éclate de vitalité et d’espoir. Je cueille çà et là des nouvelles, questionne les projets, apprend à sentir quels sont vos chemins. Chacun, vous avez suivi le vôtre, vos envies, vos talents, vos fougues et vos réserves.
Cela me parait hier ces moments-là. Ces instants foisonnants, débordants, où nos familles se construisaient. Aujourd’hui nous sommes les Nanny, Papy, Manou, Grand mère, tantes, etc… fondus et attendris. Nous avons grandis, pris de la tendresse, acquis ce qu’il faut de détente pour apprécier l’instant.
En nous voyant tous ensemble je nous trouve ressemblants à ces cascades coulant dans d’improbables et fragiles édifices de bambou. L’eau perle, glisse, insaisissable mais inexorable, obstinée.
La vie passe, coule et marche… et même sous la fine pluie, elle ne s’arrête pas.
Merci.

La rentrée de la famille Cochon.

Instant magique. Tanguy est lové contre son père dans le profond canapé. Sa petite tête blonde posée délicatement contre le torse douloureux. Harold pose sa voix, joue d’effets, d’arrêts, de soupirs. Son plaisir est palpable. Il échappe pour quelques instants à la lancinante douleur. C’est le moment journalier où l’un et l’autre partent au pays de « La rentrée de la famille cochon ».

Depuis le début de l’été en effet, Tanguy réclame chaque soir, obstinément la même histoire. Impossible de l’intéresser à une autre, toute diversion est couronnée d’échec. Chacun soupçonne bien que sa prochaine rentrée à l’école maternelle motive son choix. Avec ses bientôt trois ans, c’est sa première rentrée scolaire.

Tous ses frères et sœurs n’ont pas manqué de lui en parler de toutes les façons possibles. Mais mêmes attendris, leurs propos font bourdonner un flot d’images inconnues dans la petite tête de Tanguy. Lui qui ne connaît de l’école que les sorties de collège ou de lycée doit avoir un peu de mal à se figurer ce qui va lui arriver en septembre.

Alors la rentrée de la famille Cochon a remplacé tous les discours. Le décor est en place. Il s’y accroche, sans détours. L’histoire se déroule et les visages de Tanguy et d’Harold racontent encore plus que les mots. Les sourires effleurent, les voix portent des rires : « Qu’est-ce qu’on est bien organisé cette année », clame Papa Cochon, juste avant que tout se dérègle !

Mais le clou de la lecture est toujours le même et tous l’attendent chaque soir, même s’il ne leur est absolument pas destiné.

Après quelques péripéties, Maman Cochon dépose Marie Cochon et Charles Cochon dans leurs classes respectives. Puis c’est le tour de Bébé Cochon en première maternelle. Et comme le menton de Bébé Cochon tremble un peu au moment de la séparation, pour le rassurer, Maman Cochon lui fait un enthousiaste « youhou » d’au revoir.  Qu’Harold transforme et amplifie à l’envi. Que Tanguy goûte avec délices.

C’est l’instant du fou rire, du câlin… attendu, savouré, élargi au maximum. Et la famille entière ne peut résister. Tous se laissent gagner par la joie qui déborde de l’instant.