Nous étions quelque uns, en ce dimanche 11 janvier 2015, réunis pour un atelier d’écriture. Et nous avons essayé d’écrire, sur ce jour, ces événements. Sur ces mots qui courent les ondes et les rues: Je suis Charlie… ou je ne le suis pas.
Vous trouverez ici, l’un après l’autre les textes des membres du groupe.
LA PAIX A EXPLOSE
La paix a explosé comme une colère sournoise comprimée trop longtemps. Un serpent glisse et siffle au cœur d’une multitude désemparée, robotisée, ignorée, ignorante.
Je suis cet enfant soumis au regard filtré à l’étroitesse d’une meurtrière. Je suis ces femmes cachées avec pour liberté une impasse. Je suis ces hommes, embarqués dans le torrent des propos réducteurs. Je suis ce pouvoir d’achat menant les foules dociles sur le chemin étroit des soldes du sens. Je suis cette tolérance cadenassée, cette ouverture filtrée, cet espoir raboté, cette guerre sans fin.
La paix a explosé, laissant derrière elle, un champ noirci par la haine, la peur et la folie, lançant au vent furieux autant de refus que d’horreur, d’élans que de peur comme un ébranlement profond de nos ventres meurtris.
La paix a explosé,
Ouvrant à des millions de pleurs, de questions, à ces millions de pas, déterminés. Marche pudique et offerte, de cette diversité trop souvent consignée.
Le feu noir de la mort a fait flamber la colère, rouge de honte. Le sol est blanc, du lendemain à construire, de l’indignation à ne pas étouffer, du lien à renouer. Le feu de l’espérance est vert pour écrire une liberté nouvelle.
Brigitte
LE 11 JANVIER …. JE SUIS CHARLIE
J’ai découvert ces mots dans un texto. Une chaîne à faire passer… Je n’aime pas les chaînes mais peut être celle-là en valait-elle la peine ? Je me suis interrogée ces mots en moi ont résonné. Etais-je Charlie ?
Je ne connaissais pas Charlie Hebdo. Je ne l’ai jamais lu. Lors de l’affaire des caricatures du prophète j’ai dit « qu’est-ce qu’ils sont cons de les avoir publiées ! » Je craignais que ce soit mal interprété, un bâton pur se faire battre, une provocation sourde à ruminer …
Le dernier dessin de Charb ainsi résumé, « Pas d’attentat en France ? Patience, la période des vœux dure jusqu’au 31 janvier » me laisse sans voix. Une provoc de trop ? Un dernier pied de nez ? L’auteur, avec d’autres, au paradis des dessinateurs s’en est allé.
La France pleure, le monde s’éveille.Comme après une gueule de bois. C’est la guerre dans nos rues, on assassine et on tue, soit disant au nom d’Allah. Fut un temps on pillait, tuait et convertissait au nom du Christ à tour de bras.
Je suis profondément triste pour ces gens, artistes, policiers, anonymes,qui ont payé le prix fort soit pour leur engagement, soit seulement parce qu’ils étaient là au mauvais endroit. Cela aurait pu être toi, cela aurait pu être moi.
Et ces chefs d’état qui affluent dans les rues de Paris aujourd’hui. Ces ennemis de de toujours, incapables de se parler, réunis pour une cause commune, universelle, LA LIBERTE!
Liberté de penser, liberté d’exprimer ses idées, liberté de la presse, liberté de croire en un Dieu, quel qu’il soit.
En silence avec eux je marche dans ces rues de Paris meurtries qui m’ont vue grandir. En silence avec eux je pleure les martyrs des temps modernes qui n’ont pas vu la menace venir.
Valérie, le dimanche 11 janvier 2015
CHARLIE
Je ne suis pas Charlie !
Comme tous les artistes qui donnent chair à Charlie depuis des années je suis opposé à la pensée unique, aux dogmes, aux vérités absolues.
Comment pourrais je être Charlie aux cotés d’extrémistes religieux et politiques qui voient dans cette tragédie la confirmation de leur crainte d’un Occident islamisé.
Je ne suis pas Charlie !
Je ne suis pas un preux chevalier des temps moyenâgeux. Dernier rempart contre la barbarie. Défenseur envers et contre tous de la Vérité avec un grand V.
Leur vérité.
Je ne suis pas Charlie !
Lourd de peur au ventre, larmoyant sur son malheur. Ressuscité d’entre les morts de la bonne conscience.
Je ne suis pas Charlie !
De ces Charlie d’un jour, ignorants de tous les Charlie du monde. Ils sont si loin, si différents, si peu télévision, si peu…nous.
Je ne suis pas Charlie
Lutz , l’un des survivants, vient de déclarer :
« Mes amis morts auraient conchiés tous ceux qui chantent la Marseillaise en leur mémoire ».
Propos brutal, coup de poing dans la gueule, bras d’honneur, irrespect, tout ce que vous voulez mais tellement représentatif de l’esprit Charlie Hebdo.
Je suis simplement un être humain et tout ce qui est humain me concerne.
Je suis rempli de larmes d’impuissance.
Je suis Charlie et je sais que demain je serai à nouveau seul.
Jean
Voltaire : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dîtes mais je me battrai pour que vous puissiez le dire.
JE NE SUIS PAS CHARLIE
Je suis.
Je suis « je ».
Je ne suis pas Charlie. Je suis Michèle.
Charlie, ce n’est pas moi.
Je ne suis pas la pensée unique d’un jour unique.
Je ne suis pas la ferveur collective d’un dimanche de janvier.
Parce que je suis « je ».
Charlie, c’est Charlie : c’est chaque semaine deux feuillets de pur courage, deux feuillets de liberté.
Charlie, c’est le rendez-vous du goûteur d’idées salées, lui, ses résolutions-révolutions intérieures.
Charlie, c’est la dérision au bout de la ligne, la provocation à la pointe du crayon. C’est le précipice au bord de la marge.
Charlie, c’est la cruauté crue, exprimée sans filtre.
Charlie, c’est un nid de gentils, leurs yeux de sorcières sur nos artifices-paradis.
Charlie, c’est le courage.
C’est pour ce jour le rassembleur des humanités.
Charlie, c’est Charlie. Ce n’est pas moi.
Je ne suis pas Charlie. Je suis Michèle.
Je suis poussière sous la semelle d’un géant. Minuscule et sans courage. Mais libre.
Aussi libre que Charlie pour dire « je ne suis pas Charlie. Je suis Michèle. »
Je suis Michèle aux mains propres. Le cœur ouvert.
Je suis celle qui refuse jour après jour toutes les barbaries.
Je suis celle qui combat le moindre reflet d’infimes injustices, l’infâme brindille dans les rouages des Hauts-Bruits.
Je suis celle qui honore toutes les libertés.
Je suis sans cri et sans drapeau.
Silencieuse et indépendante.
Fourmi, je crois en la force des fourmis.
Je suis celle qui ne pleurera pas.
J’avance. La vérité chante à chacun de mes pas.
Je n’ai pas peur.
Michèle, Janvier 2014
JE SUIS CHARLIE
Je suis Charlie, De tout mon corps, De toute mon âme
Je suis Charlie, Parce que je dis non au terrorisme, Parce que je dis non aux attentats
Parce que toute forme de violence m’horrifie, me terrifie
Et chaque jour de ma vie, je m’applique à éradiquer la violence qui est en moi
Quand je dis : « Je suis Charlie », Je dis Pardon,
Pardon d’avoir quelque part laissé faire cela
Quand je dis : « Je suis Charlie », Je dis Paix à leurs âmes, C’est ma prière
C’est ma façon de dire Pourquoi ? Je ne comprend pas !
C’est ma façon de lutter contre la peur qui m’enserre
C’est mon courage, Ma lutte du quotidien, Contre le racisme, Contre l’obscurantisme
C’est ma levée de Crayon, Mon appel à la lutte sans armes
Mon appel à l’amour au-dessus de tout, « Aimons nous les un les autres » !
Malgré tout ! Par-dessus tout !
C’est un appel à la liberté individuelle, C’est un appel à être !
Vraiment, Sincèrement, Entièrement
C’est un cri de sang froid ! Pour que la Non-Violence soit !
C’est une pensée pour Jésus, Bouddha
C’est une supplique vers Gandhi, Martin, Nelson
Pour que leurs actes, leurs paroles résonnent
C’est un appel pour que force me soit donnée de continuer
De trouver où, De trouver comment, AGIR
Pour que toute cette horreur ne soit plus !
Jamais plus !
Marielle
QUAND LA PAROLE EST BRISEE
Effroi.Froid dans le dos.
Dos tourné à la réalité.Tête dans le sable.
Saleté de vie. Virez moi ces malades.
Laideur de nos cœurs. Creusons nos consciences .
Sentons la honte de l’affront. Le front de l’ennemi voilé s’est dévoilé.
Volent les cris de haine. Chaine humaine soudée par l’agression.
Sion, Babylone, Rome piégées dans la culpabilité. Ténèbres surgies de l’éclipse.
Psychée où les frères drapés d’ego mirent leurs âmes.
Armes brandies pour être égaux. GO,GO, nous ne sommes pas si médiocres.
Croisons le fer avec ceux que nous avons enfantés.
T’ai-je dis que je t’aimais ? Mektoub, c’était écrit. Pas dans la même langue.
Lancinantes barbaries des contrées lointaines. Tenez-vous à distance.
Tant de femmes enlevées, tant d’enfants esclaves.
Clamons notre liberté.Terrible cri. Crissant d’impuissance.
Sang noir abreuvant les stylos. Logorrhée noyant les esprits.
Rions-nous de tout ou pleurons-nous de rien. Ruminations stériles.
Îles en perdition. Souviens-toi d’où tu viens.
Veines du même arbre.Abstraction. Scions vers la chute le rameau.
Maux démons des mots.
Modérons l’effroi.
Fraternisons.
Frédérique
JE SUIS CHARLIE
Ce mercredi 7 janvier 2015, tombe cette annonce incroyable et horrible, le massacre à la kalachnikov de l’équipe de rédaction de Charlie hebdo….des dessinateurs mais aussi des rédacteurs, des journalistes et un policier qui était chargé de la sécurité de Charb.
Je n’en crois pas mes oreilles, les larmes coulent de mes yeux, je pense immédiatement à la liberté d’expression, via l’humour, la caricature, que l’on a assassiné ! à ces personnes qui étaient de belles personnes, gentilles, aimables, avec des valeurs fortes de respect de l’autre, valeurs que l’on tue.
Je suis Charlie, car pour moi, ce journal incarne la France, Allégorie de la Liberté, de la Fraternité, de l’Accueil.
Si je suis Charlie, c’est parce ce que je suis française avant tout, que j’aime mon pays, que je me reconnais pleinement dans ces valeurs de liberté, de démocratie, de république.
Si je suis Charlie, c’est parce que je suis contre la Barbarie qui tue pour tuer, pour anéantir, pour mettre le monde à genoux.
Si je suis Charlie, c’est parce que je suis contre l’Islam Terroriste d’Al Qaïda, de Da’ech et de toutes ses filières qui, au prétexte d’Allah, tue les impies, les mécréants, viole les femmes au Pakistan, au Moyen Orient, en Europe.
Si je suis Charlie, c’est parce que pour moi une religion ne peut et ne pourra jamais incarner des valeurs de Terreur, de Haine, de Destruction de l’autre au prétexte qu’il est juif, chrétien, musulman ou bouddhiste, qu’il mange hallal, casher ou du poisson le vendredi.
Si je suis Charlie, c’est parce que je tolère l’autre tel qu’il est, simplement parce qu’il est un être humain, un frère, qu’il soit blanc, jaune ou noir.
Si je suis Charlie, c’est parce que depuis toujours je pense que la liberté de penser, d’écrire, de parler, de ressentir, d’aimer sont nos joyaux les plus précieux.
Je suis Charlie et resterai Charlie en respect de tous ceux qui ,hommes ou femmes, se sont battus pour nos libertés, pour les fonder, les ancrer, les préserver.
En hommage à Charlie, restons unis, soyons des veilleurs de fraternité, ne cessons jamais de porter cette flamme de Liberté, celle de la France Libre, comme une fierté, comme un étendard, telle une flamme olympique que l’on transporte de continent en continent…
Claire, Janvier 2015
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