Les trente tyrans (nouvelle)

Je ne sais pas vous, mais moi, je ne sais pas où aller. Quel pas faire.
J’ai 30 ans dans deux jours. C’est dire que j’ai 29 ans. Et depuis toujours, depuis le fond de mon enfance, je me suis toujours dit que ce jour-là, à 30 ans, je serais sûre. De moi, de vous, de demain. Que tout serait dessiné, ouvert, généreusement lisible. Que je serais libérée. Et aujourd’hui, j’ai un doute. Enfin, un vrai doute.

Banquet du réveil. La symphonie des couleurs balaie mes yeux et une machine obstinée chante 10 notes de la Traviata en boucle. Debout. A nouveau. Comme chaque jour. Dire que je déborde d’enthousiasme serait mentir. Je n’aime pas aller travailler. Juste parce que c’est obligé. Mais voyons, Camille, à ton âge, tu sais bien qu’on doit faire certaines choses qu’on n’aime pas. Oui, je sais. Seulement j’ai l’impression de les enfiler comme des perles ces moments-là. Impression peut-être. Lire la suite

Aujourd’hui (nouvelle)

Aujourd’hui, rochers noirs et mer de soie.
Aujourd’hui je l’ai rencontrée. Isolée et calme, avenante et débordante, cachée et déployée, … j’ai rencontré mon île. Entre couleurs salées et odeurs chatoyantes, sable fluide et vagues filantes, j’ai trouvé ma place, mon cocon, mon refuge. C’est à moi, pour moi. Je ne veux rien d’autre et surtout, personne d’autre !
Merci.

Aujourd’hui, sable endormi et mer de feu.
Aujourd’hui, j’ai goûté l’aube naissante. Voir le soleil percer de la mer, pousser pour naître, nourrir de lumière la terre attentive,  a posé comme une braise en moi. Le jour qui m’attend me fait un peu peur. Et si je suis honnête, c’est surtout de moi que j’ai peur.
Allons.

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Encore et encore…

Obstinée, elle remonte le courant.
Le froid fouette ses jambes.
Lourds d’eau, ses pieds bousculent les pierres,
Hésitent en aveugles sous les dérobades du sol.

Fragile équilibre de l’incessant déséquilibre.
Le torrent tourne, bouillonne. Sa route se cache à son regard.
Elle continue sa marche. Elle ne sait pas trop jusqu’où.
Elle avance. Seule.
Guettant le paysage à venir derrière la courbe.

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Vie

Il y a comme une danse dans les mots, une jubilation dans les gestes, une douceur passionnée dans les regards. Elle glisse ses pas, ses yeux amoureux accrochés aux siens. Rien n’existe que ce pas de deux de part et d’autre de l’assistance. Bienveillance et amitiés flottent comme un halo. Rien d’autre n’existe que cet instant puisant sa joie dans ce terreau des présences amies.

Sa voix a fléchi pour répondre à l’aveu de l’amour, aux mots de l’engagement. Sa voix a fleuri pour le dire, lui et son chemin. Oui, ils ont dit oui. La musique a dansé la joie commune. L’instant a résonné du premier oui, du premier matin, de l’homme que Tu fis, juste moins grand que Toi…

C’était la couleur du jour, palette innombrable du bonheur partagé, bavard, chantant, jailli, affirmé et contagieux.

Merci !