Elles sont comme enfermées, sans gestes, sans chemin. Plantées par une main inconnue. Portées aussi par le fer qui les dresse. Traversées par cette mèche invisible, discrète et allumeuse. Gardiennes fragiles de secrets sans noms.
Messages sans mots, fondant de désirs ou d’espoirs démesurés.
Cet espoir, comme une vague qui, en flux et reflux, vient combattre mes doutes obstinés, mes lâchetés banales. Combats de fourmis en batailles silencieuses.
Raideurs fragiles et éphémères pointant vers le ciel, la flamme et la lumière de l’envie, de la patience. Je suis debout comme elles. Pourtant, je déteste la raideur. Celle sans oxygène, sans portes de sortie. Mon corps maladroit porte pourtant cette mèche malmenée de l’humain que je rallume sans cesse.
Un souffle de rage peut m’éteindre, un autre me courber un instant. Une tendresse imprévue me fera fondre un peu, redonnant une petite place à un amour, flambant neuf à chaque fois. Je dégouline de peur, parfois, je me creuse de la tristesse entrevue, de la rageuse impuissance sur laquelle je m’empale.
Pourtant, je me dresse obstinée et éphémère avec d’autres, comme moi, plantés sur la terre. Les flammes dansent en boucles inédites. C’est toujours neuf le bonheur qui fait danser, les rives qui se lâchent, les décors qui bougent. Vague de plaisir qui réveille le sable endormi.
Elles veillent dans la nuit, l’une plus fatiguée que l’autre, l’une plus tordue que l’autre, l’une plus grande que l’autre.
Peut-être que chacune est un de mes jours, un de mes espoirs, une de mes humeurs ? Je suis là dans la lumière fragile de ces bougies levées, partagée, fascinée, invitée, à ne jamais cesser de brûler.
Un texte flamboyant. Je le trouve « réussi sur le thème » mais pas seulement … et donc plus que ça!
Et ce fut un long temps d’attente et de sécheresse,
où la mort nous guettait à toutes chutes de l’écrit.
Mais maintenant nous savons ce qui nous arrêtait de vivre
et nous sommes résolues de porter plus haut dans la fragilité et l’inachèvement
l’œuvre de vie qui chante encore et toujours la vie.
(M’M – Variation sur un thème de Saint-John Perse, Amers, pour Brigitte)